Au Nord de la Dalmatie, au large de Starigrad et non loin de Senj, se trouve l’îlot de Goli Otok. Situé à 3km du continent et faisant à peu près 2km de long et de large, l’îlot, particulièrement inhospitalier a servi de prison de 1949 à 1988. Avant 1914, personne n’y habitait même si quelques troupeaux purent y paître à l’occasion. Subissant le terrible vent hivernal (la bora), l’île est un caillou vierge de toute végétation et surnommée l’Alcatraz croate. D’ailleurs Goli Otok signfie « île stérile / île nue » en croate.
Ce sont surtout les prisonniers politiques du schisme yougoslave qui en firent les frais. En effet, lorsque Staline et le maréchal Tito finirent pas ne plus être d’accord (6 premiers mois de 1948), une importante purge est ordonnée par le dirigeant yougoslave : les cadres de la ligue des communistes yougoslaves (PCY) sont alors emprisonnés sur Goli Otok.
La prison fût créée durant la première guerre mondiale. Déjà, c’était des prisonniers russes qui y étaient enfermés. De 1949 à 1955, plusieurs milliers de personnes y furent emprisonnées et contraintes aux travaux forcés (carrière de marbre, travail du bois et poterie). Parfois sans procès et subissant mauvais traitement et tortures, la prison de Goli Otok aurait accueilli jusqu’à 30000 prisonniers dont 600 y seraient décédés. Il reste toujours un grand flou autour de cette période et les chiffres comme les faits ne sont pas historiquement vérifiés. Camp de concentration, goulag… les qualificatifs ne manquent pas.
De 1955 à 1988, l’île accueillit des prisonniers de droit commun et les conditions de détention furent grandement améliorées. L’île resta tabou pendant plusieurs décennies jusqu’à la fin des années 1970.
Des associations d’anciens prisonniers essaient de faire la lumière sur les heures sombres de l’île et en faire un lieu de mémoire mais aujourd’hui l’île est petit à petit dépouillée et les restes des bâtiments servent en tant que matériaux de construction.
Il est possible de visite l’île. Le plus simple est de partir de l’île de Rab au port de Jablanac et de se faire transporter par bateau jusqu’à Goli Otok. Sur place, de petites échoppes touristiques et magasins de souvenirs sont situés sur le port. Il y a même un petit train touristique et des visites groupées sont proposées. L’île et les installations sont peu mises en valeur et un bon guide sur place est nécessaire pour profiter pleinement de la visite : sinon, à part des bâtiments en ruine, il n’y a rien à voir.